Lundi 22 Janvier 2007
Les histoires d’amour entre l’Olympique de Marseille et ses joueurs se terminent parfois mal. Les espoirs engendrés par la signature de Benoît Pedretti à l’aube de la saison 2004-2005 ont vite laissé la place aux tensions suite à son départ pour le rival lyonnais l’année suivante.
Dorénavant à Auxerre sous les ordres de Jeannot Fernandez, Benoît a eu la sympathie de répondre à nos questions et permet par la même occasion de clarifier les choix qu’il a effectués dans sa carrière.
Salut Benoît. Je dois avouer que je pensais ne pas pouvoir obtenir d’interview de ta part compte tenu des tumultes du passé entre les supporters olympiens et toi. Le football engendre des réactions parfois disproportionnées non ?
Oui, mais il faut surtout comprendre que vous n’êtes pas forcément au courant de tout ce qu’il s’est passé, c’est normal d’avoir ce genre de réaction quand on est supporter et passionné. Je suis arrivé en disant que je suis fan de l’OM et que j’ai toujours été un supporter du club. Après ce qu’il s’est passé en interne au club c’est différent…
Tu as affirmé en arrivant que l’OM était un choix affectif. Ce club est-il toujours ton club de cœur ?
C’est clair ! C’est le club que j’ai supporté quand j’étais jeune et qui m’a fait rêver et ça n’a pas changé. Comme je l’ai dit à l’époque à la fin de la première saison j’avais envie de continuer avec Marseille, de grandir en même temps que cette équipe. Après il y a eu des facteurs internes qui ont fait que je suis parti. Lyon a été le premier à faire une proposition, et on m’a dit « Marseille accepte la proposition, il faut que tu partes ! » A partir du moment où on n’avait pas trop envie que je reste, et je ne sais toujours pas trop pourquoi d’ailleurs, je ne pouvais qu’accepter la proposition de l’OL qui allait me faire découvrir la Ligue des Champions… En plus Jean Fernandez aurait aimé que je reste, même lui n’a pas pu convaincre les dirigeants. Toutes les conditions étaient là pour que je continue à l’OM, mais des personnes hautes placées n’ont pas voulu… J’ai lu par la suite qu’on me prenait pour un mercenaire, mais dans l’histoire j’ai vraiment eu l’impression qu’on s’est fait de l’argent sur mon dos !
Justement tu peux nous éclairer sur les détails de l’opération ?
L’OM m’a acheté environ 4,5 millions d’euros à Sochaux, et m’a revendu à Lyon pour plus de 8 millions. Dans l’histoire ce n’est pas moi qui suis allé prendre de l’argent à Marseille !
Quelle a été l’attitude de Jean-Michel Aulas ? Il a pour habitude d’aller se servir dans les meilleurs joueurs de chaque club…
A la base, Lyon était à la recherche d’un joueur. Après c’est certain qu’ils ont pour stratégie d’aller chercher des joueurs comme Kallström à Rennes ou Toulalan à Nantes, de prendre les bons joueurs de L1 pour avoir moins de concurrence en championnat de France. Sur ce coup là Marseille n’a pas voulu me retenir et a accepté cette bonne offre.
Daniel Van Buyten nous confiait récemment que José Anigo lui a clairement dit qu’il ne jouerait plus s’il restait au club…
Pour moi ça n’a pas été ces termes là, car on n’est même pas venu me le dire en face ! Mais on n’est pas très loin de cette vérité. J’avais clairement dit que je n’avais pas envie de partir, et Jean-Pierre (ndlr : Bernès, son agent) était au courant de ma position. Après je comprends la réaction des supporters, surtout suite à mes déclarations, mais je ne leur en ai pas voulu. Les gens ne connaissaient pas la vérité, et j’espère que cette interview va leur permettre comprendre un peu mieux les événements. Je peux regarder toutes les personnes dans les yeux à Marseille, mais ce n’est pas le cas de tout le monde je pense.
La cellule de recrutement phocéenne n’arrive pas à trouver le pendant de Lorik Cana au milieu. Serais-tu prêt à revenir à l'OM un jour où l’autre ?
Je ne sais pas, on en est encore loin ! On essaye de remonter la pente avec Auxerre et moi je travaille pour retrouver un bon niveau de jeu. C’est vrai que Lorik Cana est un très bon récupérateur, et il est très fort au niveau de l’agressivité. Mais c’est vrai aussi qu’il manque peut être le liant entre lui et les joueurs comme Nasri, Ribéry et Pagis. J’ai vu Albert Emon faire reculer Nasri, ce qui est très bon pour la technicité du milieu mais un peu moins pour l’aspect défensif.
As-tu gardé des contacts avec des joueurs marseillais ou des membres du staff ?
Ça fait un moment que je n’ai eu personne, mais j’ai toujours beaucoup de plaisir à revoir Spino ou Habib Beye et les autres joueurs. J’ai toujours été en bon terme avec eux, et même si nous avons eu une saison difficile, c’était très sympa.
Que penses-tu de la revente de l’OM et du départ de RLD ?
C’est difficile à dire… Monsieur Dreyfus a apporté beaucoup d’argent mais les résultats n’ont pas suivi. C’est dommage pour lui car il s’est quand même beaucoup investi. La revente est un choix personnel et ce n’est pas à moi de juger.
Quel est ton meilleur souvenir au Vélodrome ?
Le premier match c’est impressionnant, avec tout le monde qui scande ton nom, ça fait chaud au cœur. Quand tu arrives de ton club formateur dans un grand club et un grand stade, c’est vraiment le pied. On avait gagné 1-0 contre Bordeaux à la 92ème minute, avec une ambiance de folie, vraiment extraordinaire !
Marseille c'est plus de 50 000 spectateurs en moyenne, comment expliques-tu qu'Auxerre avec moins de 10 000 personnes soit le bon dernier en Ligue 1 en terme de fréquentation ?
Déjà Auxerre c’est une petite ville, et puis il y a moins la passion du foot que l’on peut avoir à Marseille. Et puis le stade est assez vieux et peut être moins confortable. Ca fait bizarre de jouer devant 8000 personnes et c’est un peu dommage que les groupes ultras ne soient pas suivis par tout le reste du stade.
Auxerre se remet peu à peu du départ de Guy Roux, l'ambiance est-elle toujours aussi familiale ?
Oui, on est plus proches des gens, pas d’entraînements à huis clos, les supporters peuvent nous approcher et on connaît tous les employés du club. Guy Roux a tout fait dans ce club, mais l’AJA doit continuer à vivre, et Jean Fernandez est arrivé pour travailler sur la durée. Ca va repartir !
Envisages-tu de rester longtemps à Auxerre où vas-tu chercher à rebondir dans un club plus médiatique en France ou à l’étranger ?
Pour le moment j’ai envie de me poser ! Je me suis bien acclimaté à Auxerre, j’ai signé 3 ans, j’ai envie d’aller au bout de ce contrat. L’entraîneur me connaît, et je vais progresser à son contact. Il faut que je retrouve un très haut niveau de jeu, j’ai envie de jouer, d’enchaîner les matchs.
Quelles sont tes relations avec Jeannot Fernandez ?
C’est lui qui a lancé ma carrière, je lui en serais toujours reconnaissant ! C’est un entraîneur droit et honnête, si tu bosses dur tu n’auras pas de problème avec lui. C’est pour ça qu’il était très apprécié à Marseille. Il soutient ses joueurs, il est toujours derrière eux et c’est important de sentir un coach qui a confiance en son groupe.
Raymond Domenech est en train de renouveler le groupe France à petites touches. Ton successeur à Lyon, Toulalan, a été récemment sélectionné. Penses-tu retrouver ton nom dans la liste à l’avenir ?
J’espère, mais ça ne dépend que de moi ! Il faut que je redevienne plus régulier et que je sorte de gros matchs pour aider Auxerre à remonter au classement. Avec Jérémy Toulalan il y a aussi Rio Mavuba, Alou Diarra ou encore Matthieu Bodmer qui sont très bons, les places sont chères. Il faut que je fasse de bonnes prestations pour donner envie à Raymond Domenech de venir me voir à Auxerre.
Pour parler du match de mercredi, tu aurais un petit pronostic ?
Non, pas de pronostic… Mais bon c’est vraiment triste de joueur un match comme ça à huis clos… On ne va qu’une fois à Marseille dans la saison et il faut qu’on se coltine ce match, c’est vraiment pas de chance ! Il y avait vraiment d’autres moyens de réagir ou de sanctionner le club, comme faire jouer sur un terrain neutre ou reverser la recette au pompier blessé. L’accident était dommageable, mais la personne qui a jeté le pétard a été arrêtée et sanctionnée. Le huis clos ça gâche vraiment la fête, parce qu’un match de football c’est une fête. Après, sportivement l’OM revient fort, le championnat est très serré. Ca va être dur pour nous.
Tu vas croiser la route de Nasri et de Ribéry. Quelle est la méthode pour les arrêter ?
Les deux sont en grande forme, ils s’entendent bien, ils bougent beaucoup, ils dribblent… Mais il y a aussi Mika Pagis qui est très fort techniquement, Niang et Maoulida qui vont très vite dans la profondeur, Cissé qui est très rapide... L’OM est une équipe qui a la vitesse et la technique, il faut essayer de ne pas laisser d’espaces, être bien en place pour ne pas prendre de buts. Après on verra.
Pour conclure, tu aurais un message pour les supporters olympiens qui sont nombreux à lire cette interview et qui sont aussi nombreux à t’en vouloir de ce départ chez «l’ennemi » lyonnais ?
Comme je l’ai expliqué, maintenant ils vont un peu mieux comprendre pourquoi je suis parti. Je suis venu à l’OM car c’était un choix du cœur, ce club m’a fait rêver et je suis toujours les résultats avec intérêt. Dans le football on ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait, en tout cas je reviens toujours avec beaucoup de plaisir à Marseille et dans la région.
Merci Benoît d’avoir répondu avec autant de franchise et de sympathie à toutes ces questions. Tu pourras venir consulter les réactions à tes déclarations. Bonne continuation pour la suite de ta saison et de ta carrière.
Merci c’est sympa. Je passerais sûrement, je me suis déjà connecté plusieurs fois sur PlanèteSochaux.com et Omplanète pour lire les réactions après des matchs. On lit parfois des trucs assez marrants, franchement je ne me prends pas au sérieux et je rigole bien en lisant certaines critiques ou certaines blagues ! A une prochaine fois, avec plaisir