Entretien avec Lorik Cana (1ère partie)Avant le choc de dimanche, le capitaine nous a accordé un long entretien exclusif. Dans cette première partie, le milieu de terrain albanais détaille les raisons de la montée en puissance de l’OM des derniers mois.
Lorik, depuis le début de l’année 2008, c’est indéniable, l’OM monte en puissance. A quoi l'attribuez-vous ?Il y a beaucoup de facteurs. Le premier, je pense que c’est le résultat d’un travail mené en amont depuis plusieurs mois. Cela porte ses fruits car ça fait quelques mois que l’on travaille ensemble, en essayant de mettre des choses en place et de créer des bases solides, sûr et en dehors du terrain. Ensuite, avec les qualités propres à l’équipe, cela a fini par payer. On est sorti d’une période très difficile en début de saison et il a fallu beaucoup de travail et de rigueur pour y arriver. Je pense que c’est avec un gros travail et un gros mental que l’on est revenu.
On sent beaucoup d’application à l’entraînement. Cela se ressent également sur le terrain. Pourquoi est-ce important de mettre autant de rigueur à l’entraînement ?C’est essentiel surtout dans une équipe comme la notre, qui est assez jeune et insouciante. Il faut avoir ce sérieux au quotidien. Chacun à son caractère, mais il faut savoir se concentrer sur la tâche que l’on a à faire et je pense qu’on a vu que cette manière-là nous permettait d’aller de l’avant. Tant mieux pour nous.
Y a-t-il une différence dans le jeu de l’équipe ?Oui, bien sûr. Le système tactique a évolué, on est plus équilibré autant défensivement qu’offensivement. Il reste beaucoup de choses à perfectionner, surtout défensivement. En attaque, on a des joueurs qui ont cette folie pour rendre les choses imprévisibles. Là-dessus, cela se fait instinctivement. Derrière, je pense qu’il y a encore des choses à revoir car on peut mieux faire.
Vous êtes sur une série de quatre victoires consécutives, six matches sans défaite. Avant d’affronter le PSG, dimanche soir, le moral est au beau fixe…Le moral est bon et la confiance est là. On a retrouvé un peu le meilleur de chaque joueur même s’il y a des joueurs avec d’énormes qualités qui ne jouent pas beaucoup. Je pense à « Bolo » Zenden, Wilson Oruma, ou encore Karim Ziani qui était blessé…Ces garçons ont des qualités. Ils font partie du groupe et à chaque fois que l’on a fait appel à eux, ils ont répondu présent. Il est clair qu’on aura besoin de tout le monde. Les résultats sont bons donc le moral est bon aussi. Dans un club comme Marseille, c’est indissociable. On a notre destin entre nos mains. Avant ce match important face à Paris, c’est bien d’être dans cette situation.
L’enjeu extra-sportif n’est-il pas néfaste pour le jeu ?Non, c’est une motivation supplémentaire.
Entretien avec Lorik Cana (2e partie)Vous avez joué le « choc » des deux côtés. Que représente une victoire dans ce « classique » du championnat ?A Paris, une victoire peut apporter un peu de crédit à une équipe ou à un groupe qui n’arrive pas à avoir les résultats escomptés. Cela reste une victoire de prestige mais aussi comptable. On préfèrerait voir ce choc se dérouler dans les hauteurs du classement, plutôt qu’avec des équipes qui sont 5e (l’OM) ou 12e (le PSG).
Mais cela reste un match à part, malgré tout…Oui, mais je ne pense pas que cela permette de sauver une saison. C’est spécial mais ça ne permet pas de prendre huit ou dix points.
Avez-vous un souvenir particulier d’un match entre l’OM et le PSG ? Bien sur. Quand on voit l’atmosphère, l’environnement, la pression… Ca laisse toujours des souvenirs. On en parle cinq ou six matches avant, alors qu’il y a des échéances importantes auparavant. Mais, c’est grâce à des matches comme celui-là que le football fait rêver. Sur le terrain, ce n’est pas toujours extraordinaire. Mais cet engouement et cette liesse populaire ont quelque chose de fantastique. On a un rôle important dans ces matches. Malheureusement, le seul que j’ai perdu, c’était en finale de la coupe de France. Mais, la plupart du temps, j’ai gagné ce « clasico » et j’espère que ce sera le cas dimanche soir.
Ce sera votre sixième « clasico » (*) avec le maillot de l’OM. Avez-vous toujours une émotion particulière à retrouver votre ancien club, le PSG ?Bien sûr. Personnellement, j’ai joué et grandi au PSG. C’est un club qui restera toujours à part pour moi. J’ai beaucoup d’affection pour lui, car il m’a permis de devenir footballeur professionnel, de grandir au contact de grands joueurs, d’évoluer en 1ère division, de jouer la Ligue des Champions… C’est un souvenir qui ne s’effacera jamais. Mais, paradoxalement, pour moi, la meilleure manière de continuer sur cette lancée, c’est de gagner tous mes matches avec… Marseille.
La pression est-elle plus forte quand on porte le maillot du PSG ou celui de l’OM ?Je ne pense pas que la pression soit plus forte à Paris qu’à Marseille. Des deux côtés, c’est un match très attendu qui déchaîne les foules et les passions. Ce qui est normal car cela reste les deux entités du football français. Même si Lyon domine sportivement, Paris et Marseille restent les deux plus grands clubs français. A Marseille, la pression est au quotidien.
Vous avez marqué une fois contre le PSG. C’était lors de votre première saison à Marseille (2005-2006). Quel souvenir gardez-vous de ce but et de cette rencontre ?C’est un souvenir un peu spécial car c’était un clin d’œil du destin. Dès ma première année à l’OM, j’arrive à marquer et, surtout, à offrir la victoire à Marseille qui ne l’avait plus obtenue depuis longtemps. Avec les couleurs de Paris, j’avais pratiquement tout le temps gagné face à l’OM. C’était fantastique, car j’apporte la victoire à mon équipe et à mon club. C’est quelque chose qui m’a donné plus de confiance et m’a permis de plus me libérer.
* Appeler "clasico" les OM-PSG est assez récent. Cela fait bien-sûr référence à l'expression espagnole utilisée pour les Real-Barça. * * En 2005-06, à l’instar de nombreux pros, Lorik Cana n’avait pas pris part au déplacement à Paris en championnat. C’était le fameux match dit « des minots »