Et si les frères Dardenne remportaient une troisième Palme d'or ? Ce serait une grande première dans l'histoire du festival, mais Le Silence de Lorna, présenté hier en compétition, pourrait bien séduire le jury par son regard lucide sur le monde actuel. Le duo y raconte l'histoire tragique d'une Albanaise qui a accepté un mariage blanc dans l'espoir de pouvoir ouvrir un petit restaurant avec son fiancé. Cet arrangement sert de prélude à une suite d'événements tragiques qui vont la conduire à la folie.
Arta Dobroshi, actrice kosovare, est la nouvelle découverte du duo, après Emilie Dequenne pour Rosetta en 1999 et Déborah François dans L'Enfant en 2005. Cette brune intense, découverte à Tirana en Albanie au terme d'un long processus de casting, a dû apprendre le français pour camper ce personnage. « Nous voulions regarder cette femme. Il ne s'agissait donc pas de bouger avec elle, d'être dans son énergie. C'est pour cela que notre caméra est beaucoup plus calme », explique Luc Dardenne. Le destin de poignants personnages poussés à l'impensable pour survivre est au centre de ce drame de l'immigration. « On s'est intéressés à des êtres humains qui viennent d'ailleurs et qui arrivent à obtenir ce qu'ils pensent être leur part de bonheur par des manières qu'on ne peut saluer », insiste Luc. Avec ou sans palme, Arta Dobroshi est une prétendante sérieuse au prix d'interprétation